Dans le cadre des présidentielles 2017, nous avons envoyé un questionnaire identique à tous les candidats sur leur vision du transport routier. Madame Marine Le Pen, présidente du Front National (FN) a bien voulu y répondre. Nous remercions la remercions pour ses réponses et précisons que ses réponses n’ont pas été retouchées. Voici la vision de Marine le Pen sur l’avenir du transport routier.
Comment peut-on rendre de la compétitivité aux transporteurs ?
Nous devons nous réjouir des nouvelles exigences écologiques et de sécurité en matière de transport routier de marchandises, mais ces exigences légitimes ont un coût élevé.
Or, ce secteur, comme tant d’autres est soumis à une concurrence déloyale avec l’ouverture du marché européen, et la directive des « travailleurs détachés ». En parallèle, l’Etat se désengage, privatise les infrastructures les plus rentables, et laisse se dégrader celles qui restent à sa charge.
Pour rendre leur compétitivité à nos transporteurs, nous devons exiger la réciprocité en matière de normes sous peine de taxation. Nous devons appliquer la priorité nationale, favoriser l’accès des entreprises françaises dans les appels d’offres, et bien entendu, investir dans les énergies propres. L’innovation est au cœur de mon programme, et elle sera mise au service des transporteurs français.
En parallèle, mon programme prévoit une baisse des charges pour les TPE- PME, ainsi que la création d’un taux d’impôt sur les sociétés à 24% pour les PME, au lieu des 33% actuels.
Enfin, il ne faut pas avoir peur des alternatives au fret routier dont les transporteurs seraient finalement les premiers bénéficiaires : il faut ainsi relancer les projets d’autoroutes ferroviaires.
Quelles seraient les mesures à prendre au niveau européen ?
Vous le savez, je suis favorable à une sortie de l’Union Européenne après négociations. Mais cela ne signifie pas que nos camions de marchandises seront bloqués aux frontières, bien au contraire. Il faudra créer des partenariats avec nos voisins européens, dans le cadre de négociations équitables. Par ailleurs, les projets européens, tels que Galileo, seront maintenus. Il faut se souvenir qu’Airbus a été le fruit d’une coopération internationale, certainement pas de l’action des technocrates bruxellois. Les frontières ne nous enfermeront pas, elles nous permettront de retrouver notre liberté !
Comment financer les infrastructures sans pénaliser les transporteurs ?
Nous reprendrons le contrôle des sociétés d’autoroutes, car la privatisation a été une catastrophe. Où sont passées les promesses de Ségolène Royal et d’Emmanuel Macron ? Ils devaient « mettre la pression », pourtant, cette année encore, les tarifs augmentent, et les concessions ont été prolongées sans appel à la concurrence. L’Etat a les capacités d’entretenir les infrastructures payées par l’argent de nos concitoyens, c’est même son devoir. Ce qui manque aujourd’hui, c’est la volonté car des infrastructures de qualité sont des leviers de développement : il s’agit donc d’investissements à long terme. Il n’y a donc aucune raison pour que les transporteurs soient davantage pénalisés. D’autant qu’il existe un potentiel de développement pour ces infrastructures : comme densifier le parc éolien le long de certains grands axes, sur des zones déjà expropriées et éloignées des habitats.
Après les épisodes des portiques écotaxes quelle est votre vision si vous êtes élue ?
L’écotaxe était une erreur. Nous sommes également opposés à une hausse de la TIPP. Notre projet contient un volet très courageux sur le soutien aux énergies propres (hydrogène, électrique) et sur une amélioration de nos infrastructures. Nous aiderons aussi les entreprises qui prendront le tournant du numérique, tout en étant très vigilants à l’égard des risques d’ubérisation. C’est pourquoi je souhaite la création d’un secrétariat d’Etat aux mutations économiques, qui veille à préserver une concurrence loyale, et ajuste la législation au plus près des innovations. Tout va si vite aujourd’hui : c’est le dernier kilomètre qui est le plus touché par le phénomène d’ubérisation aujourd’hui, mais si on n’y veille pas, cela pourrait concerner tout le secteur, avec des effets pervers qu’il faudra combattre.
Expression libre : Quelle est votre vision de ce secteur d’activité en tant que future président de la république française ?
Je veux le dire à tous les acteurs du secteur : aujourd’hui, 90% du transport de marchandises en France passent par la route. C’est trop. Mais diversifier le fret ne signifie pas casser l’emploi de nos routiers, au contraire ! C’est opérer une fluidification du trafic dans un environnement moins concurrentiel. Le salaire représente 35% du coût moyen du transport, alors comment faire face lorsque qu’un chauffeur polonais est payé deux fois moins cher qu’un Français, et peut dormir tout un mois dans son camion ? C’est ce scandale qu’il faut faire cesser pour assurer aussi bien la préservation de notre environnement, la sécurité de nos concitoyens, et le maintien de nos emplois. Ayons confiance dans le potentiel de notre pays. Nos infrastructures doivent rester parmi les meilleures au monde, et nos routiers doivent être payés à la hauteur des exigences de ce métier difficile. Pour cela, il faut un Etat qui protège nos entreprises au lieu de biberonner des monopoles, il faut un Etat qui laisse respirer nos transporteurs, mais qui leur assure un cadre de développement serein.